23h02

Cher Journal,

Je ne sais pas comment t'appeller encore, tu n'as pas de nom, tu resteras quelques temps " cher journal " en attendant mieux. L'écriture est une thérapie qui a des vertues magiques, cela m'aide à aller mieux en quelques sortes. Mais écrire c'est aussi se souvenir de choses terribles. Je veux écrire mes souvenirs les plus anciens, les plus terribles, les plus tragiques mais les plus magnifiques aussi. Je veux te parler de Louis, de ma mère, de Banja, de mes amis, de mes études, de mes rêves et de mes inquiétudes. Je veux m'ouvrir à toi comme je m'ouvrait à Lou auparavant. Avant que l'horloge du bonheur se détraque. Je veux que tu sois Lou mais que tu ne me réponde pas, que tu te taise. J'aurais voulu que tu sois un homme aussi, un homme que j'aime. Un homme fort comme Hémon l'était avec cette petite Antigone. J'aimerais être une sorte d'Antigone des temps modernes, une fille qui ne se laisse pas envahir par l'opinion des gens, qui est je-m'en-foutiste. Oh, que j'aimerais être celle-la.  " Quand on veut on peut " me dirait Lou. Je veux donc je serais. Plus tard je serais une pierceuse ou une infirmière dans le milieu psychiatrique. Pierceuse pour aider les gens à se trouver plus beaux. Infirmière pour aider les gens à se sentir vivant.  Avant je voulais être chiurgienne pour reconstruire le visage détruit des gens. Je voulais être cosmonaute pour ne pas ressentir la gravité qui me force à rester sur Terre. Je ne serais jamais dealer, je ne veux pas rendre des gens dépendants, je ne veux pas être là lors de leur overdose et porter leur mort sur mes petites épaules. Je ne serais jamais policière, mettre les gens en cage n'est pas mon délire. J'aurais voulu aussi travailler avec les enfants handicapés.

Pour le moment je suis actrice de ma propre vie. Je porte plusieurs masques, je joue avec la vie. J'ai longtemps été actrice porno, à force de coucher à droite à gauche je ressemblais à une putain. Maintenant je suis une droguée qui veut s'en sortir. Ma vie est un Requiem For A Dream en moins trash, un American History X moins raciste, un This Is England avec plus de peine.

Je suis soldat de ma propre paix intérieur. Je lutte le jour comme la nuit pour trouver une sérénité. Je suis sans cesse sur mes gardes pour ne pas me faire voler ma personnalité, pour ne pas me laisser corrompre par l'ennemi.

Je suis un clown, j'assure le show pendant des heures mais dès que les lumières s'éteignent, je deviens un clown triste. Car j'ai peur qu'on me laisse tomber. Que ma caravane tombe en panne, que mes collègues se barrent sans moi pour leur tour d'Europe.

Je suis présidente de mes propres fesses aussi. Et là je n'ai pas à me justifier, je vis selon mes dires.

Je te salue bien bas très cher Journal virtuel.